COMMUNIQUE DE PRESSE : EXPOSITION « 4ÈME MUR » A DECOUVRIR JUSQU’AU 18 OCTOBRE 2020 A L’ESPACE SAINT-RAVY
JEUDI 1ER OCTOBRE
EXPOSITION « 4ÈME MUR » A DÉCOUVRIR JUSQU’AU 18 OCTOBRE 2020 A L’ESPACE SAINT-RAVY
En ce début d’automne, l’Espace Saint-Ravy accueille l’artiste montpelliérain Dimitri Otxa Cohen-Tanugi. Diplômé en réalisation numérique, il a monté son studio d’animation, Kawanimation, en 2006, avec trois collaborateurs. Puis il s’est lancé dans une carrière artistique. Cela fait maintenant deux ans qu’il détourne des scènes de films ou des vidéos circulant sur la Toile. Pour cette exposition, l’artiste traite des multiples et de l’altération de l’image à travers plusieurs procédés. Il présente deux séries : une tirée des films en noir et blanc et une mettant en parallèle des acteurs du cinéma muet et des vidéos de célébrités du site YouTube.
Crédit : Dimitri Otxa Cohen-Tanugi
« Au théâtre le « 4e mur » évoque l’écran allégorique qui sépare l’acteur du spectateur et renvoie à l’accord tacite qui maintient l’illusion narrative. J’aime tester cette étrange situation où cohabitent fiction et réalité. Les images, qu’il s’agisse d’affiches, de bandes dessinées, d’étiquettes, de peintures, de photographies, sont le véhicule privilégié du voyage en imaginaire. Pour cette manifestation, j’ai puisé mon matériau de base dans les ressources qu’offrent la Toile et quelques recoins d’internet puisque j’enregistre des images existantes, certaines emblématiques, d’autres banales, qui composent notre culture collective : des stéréotypes stylistiques et scénaristiques tels la femme fatale, le héros solitaire, les ambiances de clair-obscur. Je les traite ensuite au cœur : dans leur représentation (interpréter consiste à reconnaître ce qui est montré) et leur spatialité, c’est-à-dire la présence simultanée de leurs parties. J’en anime le mouvement, restructure leur géométrie, leur donne une dynamique particulière avec des équilibres d’ombres, d’encre ou de couleurs qui leur confèrent un nouvel esprit. Je les décale, et du coup leur organisation – le cadrage, la perspective, la temporalité, le mouvement, la lumière – n’est plus donnée mais convie à une autre perception, à mi-chemin de l’art et de l’illusion, entre réel et virtuel. L’attention est aspirée par l’étrangeté, l’étonnement, et sollicitée pour reconstruire un récit tangible. Mon intention avec cette série de clichés et la récurrence de certains motifs visuels est de contribuer, grâce à des supports matériels inédits qui figent à leur manière leurs sujets, à remodeler notre mythologie du cinéma, à lui proposer des regards alternatifs et ludiques.
Je ne cherche pas à favoriser la fonction esthétique sur la fonction documentaire, et le film de base n’est pas le faire-valoir de mes techniques. Je taille librement, si l’on peut dire, la matière filmique en fonction de mes curiosités, de mes préférences, de mes références, de bonheurs de rencontres plastiques aussi. » Dimitri Otxa.
La quinzaine d’images présentées à l’Espace Saint-Ravy sont extraites de deux séries d’œuvres. La première série, intitulée « Film noir », est tirée du répertoire historique des pionniers du cinéma. L’artiste réalise un séquençage d’une scène choisie, permettant de regrouper la décomposition du mouvement en une seule image, rappelant les études des artistes futuristes du début du XXème siècle. En résultent des panoramas ou des scènes où l’action semble démultipliée. Le procédé de (re)création passe par l’usage de photocopies et d’un solvant qui permet le transfert du Toner sur un papier gravure Vélin d’Arches et donne un aspect dessin.
La deuxième série, intitulée « Mute », met en parallèle des acteurs du cinéma muet restés vivants sur pellicule et les stars actuelles cumulant le plus de vues sur YouTube avec des célébrités comme Justin Bieber ou Mark Ronson.
Dimitri Otxa Cohen-Tanugi utilise deux procédés pour cette série. Le travail sur les films muets est réalisé à partir de leurs vidéogrammes qui servent de négatifs. Apposés sur une feuille ils sont laissés entre 3 à 6 mois au soleil afin que le positif apparaisse, délavé mais expressif. Tandis que pour les vidéos YouTube, il extrait des images, les imprime sur du papier lambda, puis les laisse au soleil sur la même durée, le temps que l’image disparaisse peu à peu.
A cela vient s’ajouter un système de cadres-vidéos qui dialoguent en boucle, une altération de scènes de combat et de baiser tirés des pires films de l’histoire du cinéma. Ultra-compressées les images sont ici très pixélisées et laissent apparaître des glitchs (bugs électroniques qui affectent l’image), tout comme les copies multiples dont la qualité peut finir par être altérée. L’installation accentue ainsi les redites et poncifs du genre.
BIOGRAPHIE
Né à Paris en 1980, Dimitri Otxa s’est installé à Montpellier où il vit et travaille. Depuis son plus jeune âge, il est fasciné par l’image: d’abord les dessins animés, qu’il regarde en boucle, puis les mangas, puisés à même les librairies de Tokyo, qu’il redessine et recompose, les jeux vidéos, qu’il détourne, les films d’animation, qu’il scénarise… Rompu aux exigences des arts plastiques (il est diplômé de Penninghen, Ecole supérieure d’arts graphiques et design à Paris), il complète sa formation par la réalisation multimédia et la 3D (à Supinfocom) avant de monter un studio d’animation (Kawanimation) où il réalise de nombreux films de commande et produit des œuvres originales. Parallèlement il développe des recherches plus personnelles qui associent techniques traditionnelles et digitales. Son travail a été présenté lors d’une exposition personnelle aux Archives Yves Klein, à Paris, et dans de nombreuses expositions collectives.